La revue S!lence vient de sortir un numéro sur l'éducation. Voici l'éditorial rédigé par Jean-Pierre LEPRI, sur lequel je ferai un prochain article. Pour en savoir plus, cliquer sur l'image ci-dessous.
Temps pis ou temps mieux ?
“Toujours plus”, avec et dans un temps
limité, devient forcément "toujours plus vite". Alors, je zappe
avidement d’une chose à une autre (1) : à la télé, au travail, dans mes
loisirs, dans mes associations, dans mes "courses" (si bien nommées)…
Dans ma tête, les rôles et les scénarios se bousculent sans cesse, de
plus en plus vite, m’éloignant euphoriquement de ma vie présente.
Un temps conté pour ne pas voir mon temps compté ?
En éducation aussi, une "innovation" ou une
activité chasse l’autre puisqu’"il faut bien que tout change pour que
tout reste pareil" (2).
Alors quelques lucides se disent que ce qui
compte, c’est ce qui se vit pleinement, avec et dans son temps "juste" :
celui qui est ajusté, à la fois, à l’événement et à la personne.
Sous l’étiquette "éducation lente", ils
entendent valoriser la "qualité" du temps – dont la quantité mesurable
peut alors être, en fonction de chacun et de la situation, objectivement
longue, courte, lente, rapide…
Ce dossier de S!lence(3) présente leur point de vue. Donnons-nous le temps de le découvrir.
Il sera bien temps, ensuite, de retrouver nos urgences et notre aveuglement à ce que nous cachons derrière elles.
Ou peut-être pas ?
Ou un peu moins ?
Jean-Pierre Lepri
(1) Stéphen Kerckhove, La Dictature de l’immédiateté, Yves Michel. Présenté dans S!lence n° 378, avril 2010, p. 44.
(2) Tommasi di Lampedusa, 1896-1957, in Le Guépard,
1963, dont Luchino Visconti a tiré un film, avec notamment Burt
Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale, Palme d'Or au Festival de
Cannes 1963. Le texte originel est : « Tutto cambi perché nulla cambi ».
(3)
Rien à voir avec le débat public que le gouvernement français engage ce
mois-ci et jusqu’au 15 décembre 2010, dans tous les départements, sur
les rythmes de l’école : c’est des rythmes de chacun, ensemble, qu’il
est question ici – et non du rythme d’une institution qui ne « change »
que pour mieux perdurer.